La grossesse est une étape importante dans la vie d’une femme et elle a le droit d’avoir toutes les informations avant, au cours et après la grossesse. Lorsqu’une femme tombe enceinte, l’un de ces soucis majeurs est de savoir comment son bébé naîtra ? Quel sera le visage de ce dernier ? Sera-t-il beau comme on l’imagine ? Toute une série de questionnements traversent l’esprit des futurs parents. Mais lorsque la grossesse tend vers la fin et que certains signes apparaissent, on se rend compte que la fin tant espérée approche mais cette fin est très mal vécue par une majorité de femmes enceintes compte tenu des aversions qui tournent autour du processus de l’accouchement.
En effet, nombreuses sont les femmes qui témoignent des douleurs atroces ressenties lors de l’accouchement et aucune femme ne dit le contraire. Dans ce contexte, les femmes deviennent anxieuses lorsqu’elles tombent enceintes. Elles ne sont pas suffisamment préparées psychologiquement par rapport à la dernière étape de la grossesse. L’accouchement demeure une étape cruciale vécue différemment par les femmes à terme en fonction du mode d’accouchement : voie basse ou par césarienne.
Il existe aujourd’hui deux types d’accouchement : l’accouchement par voie basse et l’accouchement par césarienne. Dans l’un ou l’autre cas, il y a une certaine anxiété chez la femme enceinte qui peut créer chez certaines femmes un grand stress et peut faire augmenter la tension artérielle.
S’il s’agit de l’accouchement par voie basse, la femme est rassurée de pouvoir accoucher normalement puisque c’est ce qui est le plus souvent socialement admis. Seulement dans ce cas aussi, la femme se pose la question si son bébé va pouvoir naître sans difficulté ? Si elle sera en mesure d’avoir l’énergie suffisante pour accoucher. Tout ceci requiert une préparation psychologique préalable afin que la femme soit suffisamment préparée à l’accouchement.
Le second élément c’est lorsque la femme enceinte ne peut pas accoucher par voie basse et que son médecin ou sage-femme lui propose un accouchement par césarienne. C’est en ce moment qu’on remarque la désolation des femmes enceintes.
Dans le contexte africain, annoncer à une femme à terme qu’elle ne peut pas accoucher par voie basse est très consternant premièrement pour elle-même et pour sa famille. Elles sont très peu à accepter la nouvelle. Certaines vont jusqu’à refuser la césarienne et ou changer de sage-femme/docteur gynécologue ou de centre de santé afin d’échapper à la césarienne et ceci, à cause de la peur liée à une opération chirurgicale dans les pays en voie de développement. En effet, une opération chirurgicale en contexte africain est considérée comme un malheur, une négativité et l’enfant, « don de Dieu » ne peut pas venir au monde par ce canal.
Dans les cultures africaines, accoucher par voie basse est un honneur pour la femme car cela montre son courage et sa ténacité et certaines femmes sont fières de pouvoir accoucher par voie basse et comme le témoigne Enam (39 ans ; responsable ressources humaines, mère de deux enfants) en ces termes : « Je pensais pouvoir accoucher par voie basse et je me préparais pour cette option ; ce fut un choc pour moi à la fin de la grossesse quand le gynécologue me fit savoir que j’accoucherai par césarienne. J’ai tenté de négocier avec lui pour qu’il me laisse accoucher par voie basse mais sa réponse fut irrévocable. J’étais déçue de moi-même car je tenais vraiment à accoucher par voie basse ».
En complément, un gynécologue accoucheur interrogé sur le sujet affirme que les femmes ont peur de la césarienne et même lorsqu’à la fin de la grossesse le diagnostic de la césarienne est posé, certaines viennent négocier avec nous pour accoucher par voie basse2.
Par cet article, nous voulons attirer l’attention des femmes enceintes, des sage-femmes, des médecins gynécologues-accoucheurs et tous ceux qui interviennent dans la prise en charge de la femme enceinte de l’importance de la préparer à toutes les éventualités qui se présenteront à la fin de sa grossesse. A partir du moment où le personnel soignant soupçonne une quelconque possibilité de faire la césarienne, même si ce sont des doutes, des hypothèses, il faut commencer par préparer la femme enceinte à cette éventualité et si possible son conjoint ou un proche parent. Dans ce cas, il est important que les femmes enceintes connaissent les différentes raisons qui peuvent entrainer une césarienne et qu’elles obtiennent des réponses aux éventuelles questions.
En effet, le corps médical ne décide pas de faire un accouchement par césarienne au hasard. Il existe plusieurs raisons qui expliquent une césarienne :
L’âge de la femme enceinte à la première grossesse
La science se développe et plusieurs moyens, techniques sont mises en oeuvre pour aider les femmes quel que soit leur âge à tomber enceinte surtout de nos jours où l’âge à la première grossesse a connu une hausse compte tenu de nombreux facteurs. Il est à remarquer que lorsque la femme a un certain âge avant de tomber enceinte, il est impératif de la faire accoucher par césarienne, même si la grossesse s’est bien déroulée. Une sage-femme interrogée sur la question affirme : « A partir de 35 ans chez une femme qui n’a jamais eu d’enfant, on considère que la grossesse est particulièrement précieuse et à risque donc on peut lui proposer une césarienne pour ne pas prendre trop de risques ».
Généralement, les médecins disent qu’au-delà de 35 ans, une femme qui tombent enceinte pour la première fois doit subir une césarienne3. Il explique cela par le fait que les os du bassin, à un certain âge ne sont plus souples et donc ne facilitera pas l’accouchement.
La taille de la femme enceinte
L’accouchement requiert certaines conditions pour bien se dérouler et lorsque ces conditions ne sont pas toutes réunies, la femme court un grand danger et c’est pour cette raison que les femmes ayant une taille inférieure à 1m 50 sont successibles de subir une césarienne car c’est un facteur à risque5 et cela devient une évidence si deux éléments comme la taille et l’âge se retrouvent chez une seule femme.
La femme enceinte et la tension artérielle
La tension artérielle entraine dans bien souvent des cas, le choix de la césarienne. Pour accoucher par voie basse, la tension artérielle de la femme enceinte doit être comprise entre 8 et 12/7 voir 13 mais lorsqu’au cours de la grossesse, la tension de la femme enceinte connait une hausse ou une diminution, une césarienne est alors envisageable. Dans ces conditions associée à d’autres facteurs comme le test positif de l’albumine et de la glucosurie, la seule solution pour garantir l’issu heureuse de la femme enceinte, c’est une césarienne. Et pour information supplémentaire, lorsqu’au cours de la grossesse, la tension artérielle de la femme augmente6, des mesures doivent être prises jusqu’à la fin de l’accouchement et même après l’accouchement afin de s’assurer de la stabilisation de la tension7. Plusieurs personnes oublient ou négligent de suivre la femme qui a vu sa tension augmenter au cours de la grossesse après son accouchement et cela peut entrainer des complications post accouchement ; certaines femmes même après l’accouchement voient leur tension augmenter et cela entraine une maladie à vie. Il est très important d’attirer l’attention de la femme enceinte et celle des prestataires de soins sur cet aspect. Elle a le droit de se faire suivre après l’accouchement et de consulter un spécialiste ou d’en parler à sa sage-femme ou médecin.
Chaque femme vit la grossesse différemment et mettre la femme enceinte en confiance reste importante.
Certaines femmes expriment leur sentiment lorsqu’elles ont été informées qu’elles doivent subir une césarienne.
1er témoignage : Nantieb, 34 ans, Conseillère pédagogique, mère d’un garçon de 7 ans témoigne en ces termes :
« L’annonce de la césarienne fut pour moi un choc, c’est comme si on me condamnait à une mort certaine alors que je n’avais aucune complication lors de mes 9 mois de consultations. Déjà, j’avais une mauvaise conception de la césarienne, à cause de nombreux préjugés et aussi des réalités vécues par des femmes césarisées. Pour moi, la césarienne est synonyme de démission des agents de santé car nos mamans accouchaient avant sans césarienne. Je me disais que c’est un système organisé pour faire de l’argent.
J’espérais accoucher moi-même prenant exemple sur ma mère qui a donné naissance à six (6) enfants sans césarienne. Le pire pour moi, c’est que c’est à terme, lors du déclenchement du travail quand je me suis rendue à l’hôpital pour accoucher, qu’on m’a informé que je devrais accoucher par césarienne. La sage-femme avait évoqué plusieurs raisons pour justifier ma césarienne ( le premier geste et le poids du bébé qui était de 4kg 200g). Arrivé à un moment, je me voyais devant le fait accompli comme un cobaye après 3 jours de travail. Mon mari a trouvé que c’était une solution idoine. Ma mère était désespérée et craignait me perdre.
Jusqu’à présent, je ne cerne pas les raisons pour lesquelles j’ai été césarisée. Les diagnostics étaient différents en fonction des médecins. Du coup, il m’arrive de me dire que j’aurais pu enfanter sans césarienne puisque je n’ai pas trouvé des réponses à mes questions mais l’essentiel pour moi, arrivé à un moment donné est de sauver
mon enfant et surtout d’en finir avec une douleur qui devenait de plus en plus atroce.
Apres la césarienne, j’ai eu quelques difficultés sans incidents majeurs et depuis lors je vais bien ainsi que mon fils. Il faut reconnaître que j’ai eu le soutien de ma mère et de ma belle-mère à la maison, ce qui m’a préservée de certaines tâches qui nécessitent les efforts physiques pour un temps. » Certains témoignages montrent par contre que certaines femmes sont préparées à la césarienne et leur réaction à la fin de la grossesse est tout aussi différente.
2ème témoignage : Nissie, 35, directrice d’un complexe scolaire, mère de deux enfants (4 ans et 2 ans) :
« Depuis que ma première grossesse avait 3 mois, la sage-femme a discuté avec moi sur une forte probabilité que je ne puisse pas accoucher par voie basse. Elle a justifié cette décision par le fait que mon ventre était déjà sorti montrant que mon bassin n’était pas assez large mais elle m’a rassuré que les vrais diagnostics seront posés lorsque la grossesse sera à terme. Mais au début du 7e mois, lors de mes consultations prénatales, elle a abordé le sujet des différentes manières d’accoucher avec moi et elle m’a parlé de l’accouchement par voie basse et de l’accouchement par césarienne et m’a rassuré quelle que soit la décision du médecin gynécologue.
Au début du 9ème mois, elle m’a encore dit qu’elle est à 90% convaincue que je dois subir une césarienne vu le poids du bébé et la forme de mon ventre. C’est dans ce sens, qu’à la 38ème semaine où j’ai fait ma dernière échographie, le docteur gynécologue me confirma que je dois subir une césarienne car le bébé était gros.
Par ailleurs, il a ajouté que j’avais un petit bassin, qu’il pouvait déclencher l’accouchement mais si j’ai des difficultés, il me fera d’urgence une césarienne.
Après, mon mari et moi avions longuement discuté avec la sage-femme et on a décidé la césarienne qui fut alors programmé. Contrairement à d’autres femmes, je n’avais pas du tout peur car je me disais si les spécialistes ont conclu que je devrais subir une césarienne, cela suppose que c’est la seule solution et puis pour moi l’essentiel est que le bébé sorte vu que j’étais fatiguée. La sage-femme et le gynécologue m’ont beaucoup rassuré et je crois que c’est la raison qui explique le fait que je n’avais pas peur. Ma famille par contre avait beaucoup eu peur surtout ma mère. »
Il est important à ce niveau de faire une mise au point sur les interactions entre soignants et soignés qui déterminent dans bien des cas une issue heureuse ou non de la grossesse. En effet, la remarque faite est que plusieurs femmes césarisées ignorent les raisons exactes pour lesquelles elles ont accouché par césarienne et ceci a plusieurs explications. Parfois, certaines sages femmes ne communiquent pas assez à la femme enceinte sous prétexte que cette dernière ne va pas comprendre alors qu’il s’agit peut-être de trouver de bons mots pour expliquer. Certaines femmes ne sont pas aussi préparées et comme une femme le dit dans un témoignage, c’est une fois le travail commencé qu’elle a été informée qu’elle doit subir une césarienne.
Un autre élément important c’est que la césarienne est banalisée par la sage-femme et le gynécologue qui le font au quotidien alors que pour la femme enceinte et son entourage, cela sort de l’ordinaire et il faut une préparation en amont afin que cette dernière soit prête psychologiquement.
Nous retenons de cet article que quel que soit le mode d’accouchement, la femme enceinte doit être préparée à cette éventualité et ceci aidera les femmes à mieux accepter la césarienne. Les prestataires de soins doivent davantage et mieux expliquer les raisons de la césarienne à la concernée où à son proche parent et les mettre en confiance car certaines femmes ont perdu leur bébé pour avoir été indécises ou pour avoir refusé la césarienne. Dans tous les cas, il faut expliquer à la femme enceinte les dangers possibles en voulant coûte que coûte accoucher par voie basse.
Plusieurs autres facteurs entrainent la césarienne et d’autres articles aborderont ces facteurs puisque le premier objectif de nos articles est que les femmes d’une manière générale soient informées sur le déroulement de la grossesse pour éviter des surprises et pour éviter que certaines femmes ne perdent la vie en voulant donner naissance à leurs bébés. Mais signalons que souvent ce sont deux, trois ou quatre facteurs associés qui entrainent une césarienne.
Cet article est aussi un hommage pour toutes les femmes qui ont perdu la vie par manque d’informations et ou par négligence.